Hello !
Une nouveauté car c’est la première fois que je peins un buste de chez Spiramirabilis ! J’avais déjà peint une figurine sculptée par Lucas Pina quand j’avais fais le gobelin sur cochon de chez LeBen models, j’avais adoré cette pièce. J’espère qu’il va en être de même avec ce roi de Thulé…
J’ai appris après l’avoir acquise que cette pièce était tirée d’un poème allemand de 1774 que je vous livre ici :
Il était un roi de Thulé qui fut fidèle jusqu’au tombeau, et à qui son amie mourante fit présent d’une coupe d’or.
Cette coupe ne le quitta plus ; il s’en servait à tous ses repas, et, chaque fois qu’il y buvait, ses yeux s’humectaient de larmes.
Et, lorsqu’il sentit son heure approcher, il compta ses villes, ses trésors, et les abandonna à ses héritiers, mais il garda sa coupe chérie.
Il s’assit à sa table royale, entouré de ses chevaliers, dans la salle antique d’un palais que baignait la mer.
Ensuite il se leva, vida le vase sacré pour la dernière fois, et puis le lança dans les ondes.
Il le vit tomber, s’emplir, disparaître, et ses yeux s’éteignirent soudain… Et, depuis, il ne but plus une goutte !
L’auteur de cette ballade était Johann Wolfgang von Goethe, sans doute l’un des plus célèbres auteurs allemands. J’avoue de m’être jamais passionné pour la poésie et encore moins pour celle de Goethe. Mais le buste sculpté pas Lucas a retenu toute mon attention et je l’ai commandé dans le délai des 48H qui est convenu à chaque nouvelle sortie de cette désormais célèbre marque.
Lorsque je l’ai reçu j’ai été enchanté par cette sculpture, elle dégage quelque chose de puissant même sans peinture. Je l’ai préparée assez vite, il y a peu de travail car le moulage est très bon et déjà très propre à la réception.
Par le plus grand des hasard, j’étais en train de confectionner quelques socles à cette date, et il s’est trouvé qu’il y eut un morceau que j’avais taillé et qui correspondait presque parfaitement à la courbure de la pièce, j’ai décidé d’en tirer parti !


J’ai soumis mon futur projet à mon pote Jean No, et immédiatement ça lui a évoqué le roi Théoden dans le seigneur des anneaux, c’est vrai que la ressemblance est forte. Lucas s’en est sans doute inspiré un peu…

A ce moment je ne connais pas encore le poème de Goethe, c’est plus tard, lorsque les premières versions de cette pièce vont sortir sur le Net que je vais le découvrir puis décider de m’en inspirer également. Pour le moment, je garde la référence de Jean No sous le coude et je sous couche ma pièce, en noir dans un premier temps, puis en blanc en choisissant une direction de lumière qui me plaît.



Je ne sais pas trop comment démarrer ce projet, donc je commence par le trône en bois, j’ai une vague idée, me disant que toutes les décos sculptées pourraient être recouvertes de feuille d’or. Donc je base mon bois dans un marron rouge qui devrait ensuite bien contraster avec ce que j’ai en tête

Puis j’attaque la couche de base sur la cape dans un ocre vert…


Je poursuis avec les bases sur le col de fourrure et la tunique, elle sera vieux rose, j’aime bien cette teinte



Je cogite toujours sur mon schéma de couleurs, je ne sais pas trop où je vais, une nouvelle idée me traverse l’esprit, et si pour me démarquer un peu je faisais la coupe en bois avec l’intérieur revêtu de feuille d’or aussi ?!



Mouais, bon j’ai un peu de mal avec toutes ces teintes qui ne se répondent pas plus que ça. Je vais essayer de poursuivre avec la carnation, ça va peut-être débloquer les choses. Il est vieux, très vieux même, donc la vie s’enfuit petit à petit et le teint devient pâle. Je fais donc une base avec un rose grisâtre.



Puis après avoir réalisé un lavis violacé sur l’ensemble de la pièce pour ‘’lier’’ toutes ces teintes, je démarre la peinture de la peau à l’aide d’un mélange de couleurs chair et bleu pour donner cet aspect éteint de la chair.



J’enrichie à présent les teintes du visage, et je commence à ébaucher le regard car c’est essentiel pour donner vie au personnage. A ce moment j’ai découvert le lien avec le poème de Goethe, je sais donc toute la mélancolie qui emplit le personnage. Il faut que cela se ressente même si la sculpture très puissante l’évoque déjà fortement.



J’ai ébauché une main, j’ai débuté la chevelure avec des gris brun violacé, je décide de commencer la couronne. Je la vois bien chatoyante, témoin d’une gloire passée, les joyaux seront rouges je pense. Je passe donc quelques couches d’ocre sur les parties métalliques. Je vais la traiter en NMM



Sur la lancée je travaille sur les pierres précieuses qui l’ornent



Ça prend doucement forme, mais il demeure un blocage. La teinte que j’ai choisie au départ pour le trône ne fonctionne vraiment pas. Mon idée de dorures ne va pas marcher, ça créerait trop de confusion, le trône est là pour mettre le personnage en avant, pas pour ajouter du bariolage. Donc finalement je vais partir sur un ton éteint, je vois un vieux frêne, donc un bois gris avec des nuances roses.



Le fait est que tout de suite je trouve que ça va mieux. Le personnage est mis en avant, ça m’encourage à poursuivre le travail



Même si j’ai l’impression que les valeurs sont bonnes sur le visage, je passe un petit filtre N&B sur les photos précédentes pour contrôler que je ne m’égare pas trop



Tout semble fonctionner ! Je poursuis avec la cape. Au final, la teinte de base ne me plaisait pas plus que ça non plus ! Je décide de partir sur un vert bleu qui va à mon sens renforcer le côté vieillissant du roi et contraster avec les joyaux de la couronne.



C’est un roi, donc les tissus sont riches. Dans le poème il n’est pas question d’un roi déchu ou devenu pauvre, juste d’un roi nostalgique. Toutes les richesses qu’il possède ne peuvent lui rendre son amie, donc pas de scrupules à enrichir les tissus de broderies ou de motifs damassés. En trois étapes je contraste et définie les motifs en allant vers un bleu ciel, ça contraste bien avec le vert sans non plus faire carnaval. J’en profite aussi pour travailler sur la fourrure du col, là je reste sur des tons chauds.



Je fini le travail sur la cape avec les galons qui la bordent, là je choisi un or terne, une base d’ocre vert éclaircie avec du bleu ciel pour texturer et rendre l’effet de tissage. La tunique est également travaillée à ce stade. J’ai rendu la trame du lin à l’aide de multiples coups de pinceaux dans un sens puis dans l’autre en éclaircissant petit à petit le vieux rose avec du beige. J’ai choisi un motif un peu nordique pour décorer le galon, ça a été fait en deux ou trois étapes.



Je poursuis avec les détails qu’il ne faut pas négliger, la bague, la ceinture, etc. A chaque fois je reviens de-ci de-là sur la peau, les cheveux, la fourrure…



Il est temps de commencer la peinture de la coupe. Au final, en lisant le poème elle ne peut qu’être en or ! Je débute donc sa peinture avec des ocres jaune, de la terre de sienne brûlée et terre d’ombre brûlée. Un traitement similaire à la couronne mais légèrement différent pour s’en détacher un peu



Encore un contrôle des valeurs pour vérifier que cette coupe, qui est quand même au centre de l’histoire, se détache bien et prend toute sa place !



Je passe maintenant au compagnon de ce roi triste, le petit corbeau qui se penche vers lui pour le réconforter. Jamais très simple à peindre comme animal, c’est tout noir, mais il faut arriver à contraster un peu quand même… Je travaille avec des gris bleus, et il n’y a jamais de noir, la base est un gris de Payne très foncé. Dans le même temps, j’avais commencé à préparer la version finale di socle en lui ajoutant une embase carrée et en le vernissant, j’en suite assez satisfait, même si ce n’est pas aussi joli que les socles de Dino !



Au fur et à mesure du processus de peinture, les idées viennent. Elles ne se concrétisent pas toutes car soit elles sont trop farfelues, soit trop difficiles à réaliser. Mais celle qui suit me poursuit depuis un moment. Cette coupe vide je l’aurai bien rempli un peu avec un fond de picrate ! Je vais arriver à faire ce que je veux mais en plusieurs étapes ! D’abord j’ai peint la forme du liquide, pas si simple car la coupe est penchée, il faut imaginer la position correcte du liquide. Même s’il y en a peu, je décide de le matérialiser à l’aide de liquide un peu épais, style ceux vendus pour figurer sang frais ou coagulé. En séchant ces liquides se rétreignent toujours pour former une dépression et ce n’est pas du plus bel effet. Donc il faut recommencer plusieurs fois l’opération en laissant bien sécher. Au final j’ai complété avec l’utilisation de résine UV pour obtenir un liquide bien plat et sans ce vilain effet de bord que l’on constate souvent sur ce genre d’utilisation. Je n’en réalise quasiment jamais à cause de ça ! Mais là, je suis arrivé à éliminer ce défaut en étant précautionneux.



Je fignole les derniers détails, notamment la fleur qu’il tient dans sa main gauche. Je la vois bien rouge orangé pour la lier à la couronne, au vin, à la bague, aux yeux, bref ça fait circuler le regard.



Voilà, je crois qu’il est terminé, et il me plait beaucoup. J’ai eu beaucoup de mal au début, je l’ai même laissé de côté assez longtemps pour peindre d’autres choses que je vous montrerai bientôt. Mais au final je suis satisfait du résultat. Certes il y a un fort contraste entre les teintes des métaux et le reste de la pièce, mais je l’assume, c’est ce que j’ai recherché. Après tout est toujours histoire de goût et on ne peut pas plaire à tout le monde. Place aux photos finales réalisées au reflex Nikon















Merci de m’avoir lu et j’espère que ça vous aura plu !